Tofino - Wickaninish Beach
Nouvelle journée d’exploration, nous commençons par une promenade sous la pluie à Wickaninnish Beach, dans le parc Pacific Rim National Park Reserve. Le pluie ne décourage pas les surfeurs, même en hiver.
La plage tient son nom d’un chef Tla-o-qui-aht. Pendant les premiers contacts avec les européens, les relations avec les natifs sont souvent difficiles, et particulièrement dans la région, car les européens s’y aventurent moins souvent.
Le navigateur Maeres fut un des premiers à reconnaitre le pouvoir de Wickaninnish, et l’intérêt d’entretenir son amitié. Il estimait que le chef contrôlait 4 ou 5 miliers d’hommes. Wickaninnish, l’empereur de la côte ouest, défendra même ses tribus rivales quand ils entrent en conflit avec les Espagnols en 1789, après avoir marié leur fille à son ainé.
En juin 1811, Wickanninish rencontre le capitaine du bateau américain Tonquin, Jonathan Thorn, pour troquer. Thorn avait pour objectif de créer des routes de commerce pour la Pacific Fur Company. Wickaninnish était lui-même un commerçant de fourrure malin et ambitieux. Il a su se positionner comme intermédiaire dans ce commerce avec les villages de la région Clayoquot, par la force si nécessaire.
D’après les quelques témoignages conservés, les Tla-o-qui-aht étaient montés en masse à bord du Tonquin avec leur fourrures.
Le capitaine et le chef de tribu ne trouvant pas de compromis pour leur commerce, une rixe éclata sur le bateau. Les blancs, largement dépassés en nombre, furent presque tous massacrés. Seuls une poignée d’hommes purent rejoindre les ponts inférieurs ou les fusils étaient entreposés. Certains fuiront le navire dans la nuit.
Le lendemain, les victorieux Tla-o-qui-aht, revenus pour piller le navire, acceptent la reddition du seul survivant présent. Ils n’imaginaient pas qu’il fasse sauter la réserve de poudre, éventrant le navire et tuant une centaine de natifs.
Ce que je retiens de cette histoire est le peu de différence qu’il y avait aux motivations des européens et des natifs : l’enrichissement, le pouvoir, l’indépendance, le contrôle du territoire… Les moyens aussi ne semblent pas si différents, que l’on parle de violence ou de commerce, d’alliances et de rivalités, de manipulations et de politique. Les civilisations natives étaient tout aussi complexes et avancées que celles d’Europe – moins certaines inventions technologiques comme la poudre pour les armes à feu.
On a du mal à se rendre compte quand on voit l’océan, les vagues, de toute l’histoire qui y a pris place. Le sable est bordé de bois flotté, puis de forêt. Difficile de se rendre compte de l’étendue totale de la plage avec les embruns, la pluie, la brume.
Un sentier traverse la forêt, parallèle à la plage. Nous prenons le chemin par la forêt pour retourner à la voiture. Le sol semble être une ancienne route, goudronnée il y a longtemps et depuis recouverte d’une épaisse mousse où l’on s’enfonce bien de 5cm. C’est doux et moelleux. Si ce n’était pas trempé on s’y allongerai presque!
Assez de plage et de pluie. Une des raisons de venir à Wickaninnish Beach est qu’il s’y trouve aussi le Wickaninnish Center. Nous décidons de retourner au sec en visitant cette exposition informative pour touristes.