Le coût de la vie à Bella Coola
On dit toujours que vivre à la campagne est moins cher que la ville. C’est partiellement vrai. Si certaines choses sont plus abordables lorsque l’on vit dans une vallée isolée comme nous, d’autres le sont moins du fait de la difficulté d’acheminer des biens jusqu’ici.
PRINCIPAUX POSTES DE FRAIS
LOYER
En bénéficiant du tarif hors saison, passer l’hiver à l’hotel ou dans une cabine touristique revient entre 900 et 1400$ selon que cela inclue ou non le bois de chauffage et selon le degré d’isolation de la propriété. Par contraste, un AirBnB peut facilement monter à 4000$ par mois en pleine saison.
Niveau locations, elles sont quasiment introuvables mais avec de la chance, nous avons pu trouver un logement permanent dans le même ordre de prix que l’hotel en hiver.
Comme nous avons acheté, nous remboursons maintenant un emprunt en lieu et place de loyer. Les mensualités dépendant de nombreux facteurs, je trouve plus intéressant de parler du prix de l’immobilier - chacun pourra se faire une idée selon sa situation. Comparé à Vancouver il existe des biens moins chers, mais ils sont rares et très prisés ou vieillot et demandant des travaux significatifs.
On peut trouver de petits maisons “de ville”, souvent vétustes avec moins d’un acre de terrain soit 1000 à 4000 metres carrés dans les deux/trois cent mille dollars. Pour ce prix on peut aussi acheter une douzaine d’acres (4-5 hectares) de terrain nu relativement isolé. La plupart des biens se vendent aux alentours de quatre à six cent mille dollars. Pour ce prix, on a une belle maison avec quelques hectares de terrain, une petite maison avec un grand terrain ou une villa avec un petit jardin. Enfin, il est possible pour 750 mille à plusieurs millions d’obtenir une grande ferme avec des dizaines d’hectares de champs ou de forêt.
Par comparaison, notre appartement 2 pièce de 35m carré dans le centre de Vancouver s’est vendu pour 650 000CAD, un appartement avec deux chambres vaut facilement un million et une petite maison avec deux-trois chambres en banlieue coute facilement 2 millions.
Maison
Les petites améliorations de la maison s’accumulent, et nous avons pas mal de projets où nous alternons grosses dépenses et récupération improbable. Par exemple, nous avons pas mal de matériau gratuits grâce à notre scierie en échange de services, mais nous avons aussi investi dans des matériaux couteux pour construire un poulailler résistant (nous l’espérons) aux prédateurs.
Nous avions aussi planifié des travaux importants à faire sur les prochaines années qui puisent dans nos économies, mais ça c’était prévu dans le budget depuis l’achat de la maison.
Chauffage, eau, électricité
Pour se chauffer, un plein de fioul nous coûte 900CAD et une livraison de bois dans les 450CAD pour environ 9 stères. L’an dernier nous avons utilisé environ 18 stères pour nous chauffer, mais avons a peine entamé le fioul. L’an prochain nous ferons des économies en coupant une partie de notre bois de chauffage parmi le bois mort récupérable sur notre propriété.
L’électricité revient en moyenne à 150CAD par mois, avec une consommation bien plus importante l’hiver car on utilise des chauffages d’appoint dans nos bureaux et on regarde plus la télé etc.
L’eau est forfaitaire en fonction de la taille du domicile et très peu chère - de l’ordre de quelques centaines par an, ce qui couvre à la fois notre usage et finance les pompiers.
COURSES
Toujours notre poste de dépenses le plus important. Depuis que nous sommes à Bella Coola, les courses sont progressivement devenues plus chères - difficile à dire la part d’inflation, l’impact de COVID et de la distance. A notre arrivée, notre panier moyen revenait entre 400 et 600 dollars par mois. Nous sommes plutôt aux alentours et 800-900 désormais.
Nous avons globalement fait une croix sur les bons fromages, mais nous achetons plus de légumes, oeufs et lait frais au marché, de pain bio du boulanger. Le prix moyen par article est entre 7 et 10 dollars (plus cher qu’à Vancouver!) Pas d’AMAP ici, mais chaque fermer a son petit stand au bout de la rue ou dans sa grange où l’on se sert. Selon les produits c’est plus ou moins avantageux par rapport au super marché, mais on préfère soutenir les producteurs locaux quand on peut. Par exemple, les oeufs sont moins cher chez nos amis qu’au magasin, mais le beurre et le lait cru du voisin ont meilleur gout et valent bien l’investissement supplémentaire. Le pain de notre boulanger bio est hors de prix mais la qualité n’a rien à voir avec le pain industriel et il ne moisit pas en 48h.
Il n’y a que trois restaurants et deux cafés ici et nous y allons très rarement. Du fait notre budget repas a été totalement absorbé dans les courses, mis à part l’occasionnel restaurant d’anniversaire, un rare café au marché et un burger pendant le rodéo/la foire/le festival de musique annuel.
TÉLÉPHONIE ET INTERNET
Nous avons optimisé un peu en prenant nos deux abonnements chez le même opérateur, et en réduisant le mien au minimum car je ne m’en servais pas beaucoup, recevais beaucoup d’appels de spam et n’avais qu’une réception très médiocre de toute façon. Cela reste cher, mais on utilise principalement les appels WIFI avec notre internet.
Niveau internet, ce n’est plus inclus dans le loyer. Nous avons différentes options. CCCS un opérateur local fournit différents services d’internet par radio - via des tours perchées sur les montagnes qui nous entourent. Travaillant tous deux à distance, nous avions pris l’abonnement le plus cher: debit de 10 Mega pour 220CAD par mois. Récemment nous sommes passés à Starlink: 140CAD pour un débit équivalent à la fibre. Malheureusement la connection est trop instable - nous avions des coupures chaque fois que les satellites passaient derrière nos arbres et hors de question de les couper. Nous avons donc fini par reprendre un abonnement CCCS plus lent pour nos appels (5Mo limité à 100Go par mois pour 50CAD) en plus de Starlink pour les téléchargements rapides.
Nous attendons avec impatience la fibre qui devrait nous revenir à 120CAD par mois sans les complexités de notre système actuel.
DÉPLACEMENTS
Nous avons maintenant un véhicule avec lequel nous faisons moins de 10 000km par an. Nos principaux trajets incluent aller faire les courses. le marché et déposer nos ordures à la décharger chaque semaine. Et non, il n’y a pas de ramassage! Nous allons aussi occasionnellement à la poste et en ville pour récupérer des colis ou magasiner des outils de bricolage.
Philippe pourra refaire un billet actualisé en détail sur le budget voiture à l’occasion!
LOISIRS
Les locations de voiture ont été remplacées dans nos loisirs par des investissements conséquents dans des outils de jardinage et de travail de bois et autre nouveau loisir spécifique à la campagne: de quoi faire du cidre pour Philippe, de quoi incuber et élever des poules pour moi.
Chaque machine a ensuite un cout d’entretien, les plus vieilles ont besoin de pièces détachées, d’accessoires de rechange etc. On compte aussi l’essence pour le tracteur, la scierie, la tronçonneuse etc.
Niveau culture, il y a plusieurs évènements par an entre le rodéo, festival de musique et la foire. Comme on ne sortait pas voir des spectacles tant que ça à Vancouver non plus, on reste à peu près stable. Occasionnellement, on se permet quelques centaines de dollars pour un tour avec un guide indigène ou une balade en bateau, notamment quand nous avons des invités.
BILAN
Nous vivons toujours aussi confortablement et sans nous priver de rien, par contre les postes de dépense ont changé et nos frais ont augmenté, principalement à cause de l’emprunt que nous remboursons agressivement. Sans compter les voyages pour rendre visite à la famille en Europe, nous plafonnons à environ 7000CAD de dépenses par mois à la campagne, contre 6000 à Vancouver.