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Exclusion

Culture, Canada, Vancouver, Actualités,
Par Philou, le 2016-11-11. Dernière mise à jour le 2021-01-07.

Aujourd’hui le journal Canadien m’apprend que les autorités Françaises ont expulsé manu militari un camp de réfugiés à Paris, proche de Stalingrad apparemment. A peine une semaine après la jungle de Calais, ca semble être la nouvelle occupation de l’hexagone. Je précise que ma couverture de la presse Canadienne n’est pas axée particulièrement sur la France ; j’observe juste les publications dans la partie « International » de mon Google News. Je ne recoupe pas trop mes infos avec la presse Française (par manque de temps, et de toute façon vous êtes déjà demain et certainement happés par autre chose).

Donc après avoir couvert Calais et le déplacement de son bidonville vers des localités pas très enthousiastes (vocabulaire employé : lukewarm, tiédasse), la presse canadienne s’intéresse à Paris. Et la situation est décrite comme confuse, parfois violente et manquant de préparation. Donc le problème des migrants ne semble pas s’améliorer, d’autant plus qu’aucune solution n’est évoquée sur le long terme pour envisager leur intégration.

Je n’invente rien, dans le même journal, à la une, le ministre Canadien de l’immigration a annoncé qu’il augmentait les quotas d’immigration à 300 000 par an. Cette décision permettrait d’augmenter les perspectives de croissance économique et de payer pour les retraites de la population vieillissante. Le gouvernement de Justin Trudeau, le photogénique premier ministre, fait le pari de l’immigration positive. Très Canadien. Une partie de ces augmentations sera pour l’immigration de travailleurs diplomés comme nous, une autre partie pour l’accueil de demandeurs d’asile.

Dans le genre incroyable, il y a quelques mois, le gouvernement Trudeau se faisait taper sur les doigts par l’opposition (de droite) parce qu’ils avaient pris du retard dans l’accueil de réfugiés Syriens et que sa promesse n’était pas tenue assez vite ! Vous imaginez ça en France ?

Downtown East Side Downtown East Side

Cela dit, tout n’est pas rose non plus, bien entendu. Vancouver n’est pas épargné par la pauvreté et la misère, qui se concentre dans le quartier de Downtown East Side (à l’est du centre ville, donc). C’est clairement le quartier chaud avec beaucoup de trafic de drogue, de prostitution, et de sans abri. On y trouve également de nombreuses personnes nécessitant des soins psychiatriques.

C’est le résultat d’un affaiblissement des programmes d’aide sociale provinciale et fédérale au fil des ans, et de l’explosion des couts de la vie à Vancouver qui laisse les gens sur le pavé. Les First Nations (les indigènes amérindiens) sont comme souvent nombreux parmi les laissés pour compte.

L’horloge à vapeur de Gastown L’horloge à vapeur de Gastown

Le quartier se situe juste à coté de Gastown, l’un des quartiers les plus hip, cher et touristique de Vancouver. Il suffit littéralement de traverser une rue pour passer d’une boutique design dans un bel immeuble en brique, à un taudis mal famé. Donc si vous venez admirer la plus importante attraction touristique de la ville (l’horloge à vapeur de Gastown) vous serez à quelques blocs de DTES.

Sur le plan des actions entreprises dans Downtown East Side, et pour montrer qu’au Canada on prend les problèmes un peu différemment, on peut citer l’attitude très progressiste du VPD (pas d’arrestations) pour ne pas braquer la population contre la police. Le quartier dispose d’un site d’injection surveillée depuis 2003 (premier d’Amérique du Nord).

Et pour finir, là où à Paris l’exclusion est plutôt liée à l’origine ethnique et montre les difficultés des Français pour intégrer des migrants, ici elle est davantage liée aux inégalités économiques toujours croissantes (je vous rassure, on ne manque pas de super-riches) et aux limites de la prise en charge des maladies mentales comme physique par la société.

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