Lost Lake
Aujourd’hui nous prenons la route vers une randonée relativement touristique qui donne un bon point de vue sur la vallée.
Nous traversons la rivière en direction de Salloompt, puis escaladons la route forestière. La route est passable sans grande difficultés, hormis les nids-de-poule et parfois des pousses de peuplier qui caressent la voiture.
Au bout de la route se trouve le trailhead (départ de rando) avec un petit parking.
Au panneau, nous consultons l’information publique qui nous a incités à venir ici: l’exploitant forestier de la vallée prévoit de couper une petite parcelle au départ de la randonnée. Ça a provoqué un débat local assez important (et cette pétition), car certains arbres ciblés sont old growth (ils étaient déja présents avant l’arrivée des européens dans la vallée, ils sont multicentenaires).
Une partie de la population dénonce la coupe, en raison de la rareté de ces arbres et leur importance pour l’écosystème de ce type de forêt. Pour eux, ils ont plus de valeur vivants que sur un camion de logging. D’un point de vue économique, ils font partie de la richesse écologique qui attire les touristes dans la vallée. Les old growth sont aussi indispensable à la survie hivernale des ongulés locaux; ils fournissent le gite et le couvert à de nombreux autres animaux et leurs prédateurs; et c’est sans parler de leur rôle régulateur du climat.
De plus, Bella Coola ne manque pas de parcelles qui ont été exploitées il y a 50 à 100 ans (second growth) et qui contiennent aujourd’hui de grandes quantités de beaux fûts matures.
De l’autre coté, les exploitants considèrent que ces arbres ont une très grande valeur pour certains projets de construction et rapporteraient de l’argent dans la vallée (un tronc se vend facilement à 200k$ pièce). En échange de la coupe, cela apporterait la maintenance des routes forestières qui se dégradent. Les Forest Service Roads sont souvent le seul moyen d’approche pour des lieux et randonnées qui font de Bella Coola un endroit si beau. La coupe serait aussi accompagnée de la construction d’un plus grand parking et aire de pique nique au début de la randonnée.
Juste après le départ de la randonnée, nous faisons un petit détour pour visiter la parcelle en question. Nous remarquons un très vieux Douglas Fir (Sapin de Douglas, qui, les botanistes noteront, n’est pas un vrai sapin).
Il y a aussi de très vénérables cèdres rouges. Au total probablement une dizaine d’arbres semblent concernés. Ce qui laisse imaginer leur valeur marchande, puisqu’ils justifient plusieurs centaines de mètres de nouvelle route forestière pour leur extraction.
Nous laissons ces ancêtres et reprenons la montée vers Lost Lake.
Une rando assez courte (3 km) zigzage dans la forêt jusqu’à une petite mare coincée à flanc de montagne.
L’endroit dispose de quelques emplacements de camping (y compris table et feu de camp) et luxe, un toilette. J’imagine que l’été, entre le lac et le panorama, le camping doit être bien agréable.
Un peu plus loin nous rejoingnons le point de vue.
En ce début de printemps, le sol est recouvert de Kinnikinnick (bear berries, une variété d’Arctostaphylos adaptée à un climat arctique) dont les ours raffolent.
Nous ne trempons pas les pieds mais la vue est chouette!