Eulachons
Début avril, la nation Nuxalk exécutait la cérémonie annuelle de bienvenue aux Sputc (nom Nuxalk des Eulachons, aussi connu sous le nom de Ooligans ou candlefish), pour la 7ème fois.
Les Eulachons, petit poisson qui ne paye pas de mine - un peu comme une sardine - est un pilier de la culture Nuxalk avant la colonisation. Après 2 à 5 ans de vie dans l’océan, les Eulachons ne retournent dans les rivières que pour se reproduire, dont le Bella Coola. Historiquement abondants, ces poissons étaient pêchés en masse avec des filets de cèdre pour leur huile riche et goûtue - c’est en effet l’un des poissons les plus gras avec 20% de graisse (et riches en omega 3).
Au 18ème siècle, l’huile extraite des Eulachons était un élément central de l’alimentation, la médecine, l’identité et du commerce établi entre les centaine de villages autour de la vallée de Bella Coola. Les routes utilisées pour ce commerce sont maintenant des sentiers touristiques connus sous le nom de grease trails. Certaines, de plus de 400km auraient été en usage depuis plus de 6000 ans selon la tradition orale.
On retrouve quelques documentaires sur le sujet, notamment ce documentaire de 1978 publié par le UBCIC (Union of British Columbia Indian Chiefs). Un nouveau documentaire est en cours de production par Banchi Hanuse, directrice Nuxalk, qui raconte l’histoire de sa richesse, perte et rétablissement à travers la relation entre ce petit poisson et la culture Nuxalk.
Le recul des glaciers rendant l’eau du Bella Coola moins froide, de moins en moins d’Eulachons y revenaient - car contrairement aux saumons, les Eulachons ne sont pas limités à se reproduire dans la même rivière où ils sont nés. La population d’Eulachons remontant le Bella Coola était en déclin depuis les années 70 à cause du changement climatique.
Le dernier afflux de nombreux Eulachons date de 1999 (certains disent 96). Leur nombre tomba de 150 tonnes à moins de 100kg. Leur disparition de Bella Coola n’a jamais été expliquée, mais la rumeur veut qu’elle coincide avec l’expansion d’opérations de pêche au chalut de crevettes, connues pour avoir un bycatch important (une pêche/prise accessoire: toute capture faite pendant la pêche qui ne correspond pas aux espèces et tailles des organismes marins visés). le journal parlait de 90 à 150 tonnes de prises accidentelles d’Eulachons, soit quasiment toute la population…
Protégée depuis 2011 en BC, leur existance est toujours menacée par la dégradation et modification de leurs habitats, la pollution de l’eau, la pêche et les prises accidentelles.
La cérémonie remise en place en 2014 avec le retour en petit nombre des Eulachons alimente l’espoir qu’un jours ils reviennent, alors que la nation Nuxalk gagne en autorité sur la conservation de l’environnement.